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à la recherche du Petit Pois Perdu (entre autres!)
7 juillet 2022

Quand la digue cède...

7 ans… 364 semaines… 2548 jours… 

C’est donc à peu près la durée pendant laquelle j’aurai réussi (parfois moins efficacement) à porter ce masque, à garder cette digue en place.

 

7 ans pendant lesquels j’ai tout donné pour maintenir l’illusion,

364 semaines pendant lesquelles j’ai tout fait pour montrer que : “on a tous des épreuves à traverser dans la vie, c’est ok, je vais traverser les miennes”.

2548 jours à essayer, vraiment : en famille, avec les copains, au boulot, à la maison même… Parce que je n’avais pas envie d’expliquer, pas envie d’entendre qu’il faut tourner la page/prendre du recul/penser à autre chose.

Après tout, ma vie n’est pas pire que celle de quelqu’un d’autre, et lui/elle, arrive très bien à s’en sortir sans se plaindre.

 

Puis, il y a ce jour, le 2549e, 7 ans presque jour pour jour depuis la naissance de Léo.

 

Le rendez-vous, prévu depuis plus de 3 semaines pour renouveler mon traitement pour la tension, chez le médecin traitant.

Je parle de ma tension qui rejoue au yo-yo depuis quelques semaines et des insomnies, malgré la semaine de vacances qui vient de se terminer.

Le rendez-vous se passe tout à fait normalement jusqu’au moment où elle me pose une question, toute simple, qui semble tout à fait anodine : “et sinon, comment allez-vous?”.

Et là… Je fonds en larmes… Juste comme ça… Impossible de m’arrêter ! 

Je m’excuse, je dis que je ne comprends pas, que je ne sais pas ce qui se passe… 

Je suis fatiguée mais si elle me donne quelque chose pour m’aider à dormir ça ira mieux.

 

Pour vous mettre en situation, il faut savoir que ma généraliste, c’est un petit bout de femme qui exerce depuis un bout de temps, du genre directe, qui ne mâche pas ses mots et qui ne fait pas de cadeaux.

Alors, quand elle pose son stylo et qu’elle me regarde dans les yeux en disant : 

“Bon, il y a certaines choses que je veux vous dire depuis longtemps mais ce n’était pas le bon moment. Là, il faut que je vous en parle”... Ben tu l’écoutes !

 

Je l’entends me dire que depuis un long moment j’essaie de maintenir ma petite barque à flot, avec des hauts, des bas, et que je fais ça seule, comme une grande, sans “soutien médical” quel qu’il soit : 

- refus d’arrêts de travail à plusieurs reprises (c’est pas le moment et puis je suis pas une tire au flanc!), 

- plus de soutien psy (ça ne cadrait pas avec les horaires de boulot),

- pas d’aide médicamenteuse (je ne veux pas rentrer là-dedans). 

 

Bref, je fais comme on m’a appris : j’encaisse et je gère. Ouaip.

 

J’ai accumulé, encore et encore, ces évènements de ma vie, sauf que là, la barque a pris l’eau et qu’elle coule, en emmenant le matelot (on dit un “matelot” pour une barque d’ailleurs ?) avec elle.

Je me noie. Mon corps et ma tête me lâchent.

J’ai pas tout compris ce soir-là, mais je suis rentrée à la maison avec une ordonnance et un arrêt de travail de 3 semaines.

3 semaines, à la maison, seule avec moi et moi, tous les jours, de 8 à 17h30 ? 

Mmmmh… Pas convaincue de l’idée mais vu que j’ai pas le choix…

 

J’ai revu Mme la généraliste 15 jours plus tard et je vais commencer à l’envers, je vais vous donner le verdict avant de vous expliquer.

Verdict donc ? “En fait, c’est plutôt bien, vous ne me semblez pas si dépressive que ça !” 

Ah mais oui ! Mais évidemment que c’est une bonne nouvelle ! Mais… Alors… Euh… 

Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Non parce que bon… Ok, j’arrive à verbaliser que je ne vais pas bien, mais j’aimerais savoir ce qui se passe. Parce que venir la voir et “avouer” que ça ne va pas c’est déjà difficile, mais si en plus on ne sait pas ce que j’ai… V’là la culpabilité.

Après avoir eu droit à un : “Alors déjà vous ne vous inquiétez pas, les gens qui font semblant, on apprend très vite à les reconnaître. Ensuite, je suis très très tranquille avec ce que je fais actuellement, c’est à dire vous faire prendre soin de vous”.

Mesdames, Messieurs : “Effondrement intérieur”... Oui, comme ça : La digue a cédé et la vague emmène tout ce qu’elle trouve sur son passage (ma santé mentale y compris dirait-on…).

 

Comment ça s’est présenté chez moi ?

 

De manière insidieuse je crois… Je pense que le fait de ne pas avoir confiance en moi, d’avoir une estime personnelle pas très très élevée n’a pas dû aider.

La PMA, la perte de Léo, de Zoé, le décès de mon papa, la décision d’arrêter la PMA (8 ans, 5 grossesses, 2 accouchements prématurés, 3 fausses couches précoces dont une par aspiration,...), le décès de Nicolas (le compagnon de ma petite belle-soeur) et aussi la perte de mon petit Loki… Tout ça a contribué au mal-être que je ressentais.

Mais depuis quelque temps, je ne me reconnais plus, je ne suis plus celle que j’étais.

 

Puis il y a les faits, des trucs du genre :

- Au bureau, s’obliger régulièrement à se mordre la langue parce que je suis la chieuse qui n’est jamais d’accord. M’en vouloir parce que, parfois, même si j’essaie de faire attention, je suis maladroite, je dis mal les choses et j’ai certainement dû blesser l’une ou l’autre. Mais c’est aussi être moins concentrée, moins productive.

- Avec les copains, me refermer complètement sur moi-même, ne plus avoir envie de voir les gens, ne plus échanger, ne plus partager, s’engueuler pour des futilités.

- A la maison, fondre en larmes parce que j’ai renversé la totalité de l’appareil à gâteau sur le plan de travail ou parce que j’ai laissé bouillir et déborder l’eau de cuisson des pâtes partout.

 

Et cette sensation permanente, de n’avoir ma place nulle part, de n’être légitime nulle part.

Pas d’envies suicidaires mais m’interroger et me dire “et si j’étais pas là ?”.

 

Attention, je ne suis pas en train de me plaindre de quoi que ce soit ou de dire que ma vie est plus difficile que la vôtre, non.

Je suis venue au monde avec ces cartes-là, c’est mon jeu, je n’en aurai pas d’autre, j’en ai conscience.

C’est juste que c’est trop difficile depuis trop longtemps, je ne sais plus comment faire et j’ai bien été obligée de me l’avouer.

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Commentaires
E
J'ai bien envie de t'écrire sur ton fb mais je n'ose pas car je nai que très peu pris de tes nouvelles mais je pense bien souvent à toi,à zoé et léo en embrassant Simone et son petit frère le soir...
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J
J'ai relu. Je comprends mieux. Je serai toujours là.
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J
Bien dynamique votre généraliste <br /> <br /> Soyez généreuse avec vous.<br /> <br /> Cela va prendre un peu de temps, mais vous allez y arriver, il y a de bonnes cartes dans votre jeu. 🌺
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C
Coucou ma jolie.. je me disais bien que ton absence sous entendait une souffrance. Et je n'ai pas su venir vers toi. Et puis j'ai eu aussi mes propres démons à gérer. J'ai trouvé un egerneticien, il m'a "secouée" comme jamais. Sa question "mais toi, A-P, pourquoi tu existes?" Et là. Le vide. Les larmes... Et je cherche encore la réponse... Il y a des blessures qui ne guérissent jamais.. malgré tous les pansements que l'on peut mettre dessus. Je pense bien à toi ma jolie ❤️<br /> <br /> Si tu as besoin n'hésite pas
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  • Petite(s) histoire(s) d'un couple de jardiniers bien décidé à récolter le fruit de leur amour : Un petit pois qui semble s'être perdu en chemin! J'ai nommé : Notre (futur) bébé! Ou "Quand Madame l'infertilité s'en mêle" Ou encore "OMPK? C'est quoi ça?
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